Ma première rencontre avec André Pieyre de Mandiargues. Origine d'une belle amitié entre un homme amoureux et une jeune fille fascinée. S'en suivit une série de lettres écrites au bic rouge sur papier de soie rose que je garde précieusement
Comme notre entente fut immédiate, André Pieyre de Mandiargues répondit avec un immense sérieux au questionnaire sur l'écriture que je posai à trente-deux écrivains. Jankélévitch, Sagan, Ponge, Sollers, Modiano, d'Ormesson, sont présents, entre autres, dans "Le Sang de l'écriture"paru au Rocher. Pierre Guyotat, Louis Aragon, Cioran et Gracq me reçurent longuement mais ne voulurent pas être dans le livre. Je passai un après-midi halluciné à parler avec Pierre Guyotat dans sa petite chambre de la rue de la Gaieté: rencontre avec un exilé de l'humanité.
Le cartel des tueuses. De droite à gauche sur la photo, mon amie Maroucha et sa soeur Wanda qui montaient des chevaux de course à Maisons-Laffitte, tôt le matin , sur le rond Poniatowsky. Tous les dimanches je les rejoignais. Elles m'avaient appris à entraîner les yearlings. L'été, à Deauville, on dansait chez Régine jusqu'à cinq heures du matin, puis on filait aux écuries prendre les chevaux pour galoper sur la plage jusqu'à sept heures. La troisième, est une de leurs amies, et la quatrième...c'est moi.
Louis Pauwels m'avait demandé de réaliser les rencontres avec les "grands écrivains" pour le Figaro Magazine. J'interviewai ainsi Marcel Jouhandeau chez lui,à Rueuil-Malmaison. Il m'avait dit comme un viatique, -il avait 91 ans-"Il faut commencer tôt à rêver d'être sage". Ou, comme ici, Francis Ponge, sous les orangers, au Mas des Vergers, qui m'expliquait la vie des pierres, des animaux et des arbres avec une puissance de verbe étonnante. Il disait "Il y a une morale de l'huître, de l'arbre: lorsqu'il ne peut plus lancer ses branches plus loin vers l'infini, il transforme ses feuilles en fruits pour la génération suivante."
CHANEL cherchait "des mains", un de mes amis joalliers, JAR, lui dit: "Ne bougez plus, j'ai ce qu'il vous faut". Il pensait à mes mains. Et depuis ce jour, toutes les grandes marques, DIOR, YSL, RUBINSTEIN, voulurent mes mains pour leurs lignes de beauté. Pendant dix ans je travaillai avec les plus grands photographes, Paolo Roversi, Daniel Jouhanneau, Pascal Larivière, Avedon etc. On m'appelait la "star des mains". Je tournais aussi des films publicitaires avec de grands cinéastes comme Patrice Lecomte ou Just JAECKIN.
Avez-vous déjà sablé le champagne dans un couvent de carmélites avec la supérieure et ses nonnes?! J'eu droit à ce fol épisode parce que j'y avais passé de longs mois à compulser les documents précieux ayant appartenu à Thérèse d'Avila dont j'écrivais la vie ("Thérèse d'Avila ou le divin plaisir", paru chez Fayard). Il faut reconnaître que sur la photo je suis la seule à tenir une flûte à champagne! Comme je les aimais ces soeurs adorables! Surtout la toute petite: elle s'appelait Elisabeth, comme moi,et me faisait rire avec ses naïvetés. Pourtant je me trouvais dans le premier carmel érigé en France, au XVIe siècle, celui qui fut d'abord créé rue des Fossés Saint Jacques.
Je retournai à plusieurs reprises dans le désert de Mauritanie, avec un guide, un cuisinier et un chauffeur, prête à effectuer ce dernier périple chez les nomades, pour en rapporter des centaines de photographies. Nous faisions jusqu'à dix heures de 4x4 par jour. Le chauffeur se repérait aux touffes d'herbes! Les nomades m'accueillirent avec une joie et un amour magnifiques. Je les garde dans mon coeur.
A gauche, Rafa, le cuisinier, à droite Mohamed, le chauffeur, dans une des tentes des nomades qui nous recevaient chez eux. J'espère qu'ils resteront libres d'eux-mêmes malgré les satellites et les menaces qui grondent.
Une petite gardienne de chèvres, âgée de huit ans, assise près de moi, me dit: "Tu es belle comme une étoile, je voudrais te garder toujours." Et ses grands yeux noirs riaient de bonheur. Je m'empressai de la prendre en photo. C'est elle qui était belle comme une petite princesse.
Ma mère, comme une star des années quarante, prise en photo par mon père au temps de leur passion !
Mon père et ma mère, un peu plus tard, lorsqu'ils s'aimaient encore, après la guerre.
Quelquefois je peins. Ce jour-là, sans le vouloir, j'ai fait un mixe entre Vita Sackville-West et moi !
Je suis également présidente d'un prix qui distingue depuis 2008 un beau destin de femme.